Il ne se reposera jamais sur ses lauriers, comme en atteste ce témoignage du dernier “oeil” du Rubis, Gaston SNAZ :
“Peu après le début des hostilités, le CC Georges Cabanier, nommé commandant en chef des forces du Pacifique, laisse le commandement à son second, le LV Henri Rousselot.
En août 1941, au cours d’un mouillage de mines près des fjords, le nouveau pacha repère au périscope un convoi allemand. Malgré les consignes de ne pas lancer de torpille avec des mines à bord, il donne l’ordre de tirer.” L’occasion était trop belle ! Pensez-vous, un pétrolier de 4 500 tonnes, on n’allait pas le laisser passer !” Soudain, le sous-marin subit une violente secousse. La torpille lancée de la tourelle arrière est restée coincée à l’extrémité du tube. Laissant à peine le temps à son équipe de reprendre ses esprits, le LV Henri Rousselot fait pivoter le Rubis qui se soulage aussitôt de deux nouvelles torpilles. “Mouche !” La déflagration est énorme. “Ce coup là, on l’a senti passer !” Le sous-marin, situé à 350 m du convoi au lieu des 800 m réglementaires, est touché. Le choc est très violent. “C’est comme prendre un mur en voiture à la vitesse de 35 km/h !” Déstabilisé, l’énorme engin coule en quelques secondes, heurte le fond et s’enfonce partiellement dans le sable. “Impossible de repartir, nous étions enlisés !”.
“Le Rousselot, c’était un sacré marin !”
Minutes et heures d’angoisse se succèdent. Leur salut, les sous-mariniers du Rubis le doivent à l’entêtement de leur chef. Inlassablement, il fait donner les machines plein tube, d’avant en arrière, d’arrière en avant, jusqu’à ce que son bâtiment commence à bouger. Enfin une lueur d’espoir. Les tentatives continuent de plus belle. Soudain, le sous-marin s’échappe de son piège de sable. La remontée commence. “Ça a été très vite”. Si vite que le sous-marin atteint la surface avec 55° de pointe. Troisième secousse très violente. Cette fois, les 140 packs de batterie du bord lâchent sous le choc, les moteurs sont désormais inutilisables. A 2 milles de la côte, le danger pouvait survenir d’un instant à l’autre. Surtout en surface. Occultant les conseils anglais visant à détruire les documents top secrets et à couler le Rubis, le LV Rousselot envoie ses électriciens au charbon. Expérimentés, ceux-ci parviennent à coupler une trentaine de batteries, un diesel repart. Inespéré. Mais pour rentrer, il faut traverser un champ de mines allemand. La détermination de l’équipage ne faillira pas. “On était partis avec le Rubis, on rentrera avec !” A l’aide des différents points donnés par les Anglais, le P15 parvient à se faufiler entre deux mines. L’idée folle de Rousselot se transforme en acte de courage. Le Rubis rentre à la base. A quatre nœuds, mais il rentre. Entier.”